Quand les failles de la notation ESG nuisent à l’efficacité de l’action climatique des entreprises cotées.
Les Rencontres du Climat initiées par Getlink ont pour but de partager à une communauté de décideurs économiques et financiers le fruit des réflexions menées en partenariat avec la TSE sur l’impact de l’action climatique opérationnelle des entreprises sur leur écosystème financier. Après deux années de recherche, d’échanges et de partage de données concrètes, Getlink a lancé un premier cycle de Rencontres, dont la première édition a a porté sur failles de la notation ESG et la manière dont celles-ci peuvent nuire à l’action climatique concrète des entreprises.
Christian Gollier, Delphine d’Amarzit et Yann Leriche pour débattre des failles des notations extra-financières pour capturer l’efficacité réelle de l’action climatique des entreprises
L’avant-propos académique développé par la Toulouse School of Economics à travers la voix du professeur Ulrich Hege dresse le constat d’une imperfection du système porté par les agences de notation extra-financière.
Des notations nécessaires mais imparfaites
Pour Ulrich Hege, professeur de Finance à la Toulouse School of Economics, les systèmes de notations ESG divergent selon les acteurs rendant difficile les approches comparées. Constat aggravé par le, manque de transparence des méthodologies appliquées pour ces évaluations largement fondées sur des données déclaratives non-auditées. La pertinence de catégories de données mises en avant par certains indices peut également être questionnée tout comme les conflits d’intérêts non négligeables de certains émetteurs. Il existe donc un delta entre reporting financier et reporting extra-financier qui ne permet pas d’obtenir une bonne évaluation de la valeur climatique des activités d’une entreprise.
Néanmoins, Ulrich Hege affirme que, même si ces notations sont perfectibles et doivent être améliorées, elles demeurent utiles et restent l’outil principal pour informer sur les actions des entreprises en matière environnementale
De la nécessité de créer des indices qui agrègent le plus large panel de données
Delphine d’Armazit, CEO d’Euronext Paris, est revenue sur les méthodes de la notation ESG et les différents indices créés par Euronext notamment le CAC40 ESG. Il est essentiel que les indices créés le soient en « architecture ouverte pour intégrer un maximum de critères et données » dont la pertinence peut parfois varier d’un éco-système à un autre ou d’un pays à un autre selon les différences culturelles ou les choix politiques des Etats.
L’importance de valoriser l’activité de l’entreprise au regard de l’utilité sociétale
Christian Gollier, Directeur général de la Toulouse School of Economics, a argumenté en faveur d’une méthode alternative aux notations ESG qui serait basée sur la valorisation, par un prix, de l’utilité sociale des entreprises. Christian Gollier a également souligné les limites de la « vision de l’activisme vert qui est uniquement tourné vers les efforts que doivent supporter les entreprises » et non porté sur le consommateur final or le risque est de créer, par de la seule contrainte envers les entreprises, une raréfaction de l’offre ce qui entrainera mécaniquement une hausse des prix. Il est donc primordial que « les Etats engagent des règles pour réaligner l’intérêt collectif et l’intérêt des financiers notamment pour des raisons d’acceptabilité sociale » des activités des acteurs privés.
Comment résoudre la soutenabilité des économies en alliant décarbonation et maintien de la production et de la compétitivité des entreprises ?
Yann Leriche, Directeur général de Getlink, a argumenté en faveur de la construction d’un modèle financier qui rende l’action climatique des entreprises efficace. Il est nécessaire « d’orienter l’investissement et le financement là où il est pertinent pour l’action climatique ».
En ce qui concerne les notations ESG, Getlink est un très bon exemple car selon les indices, les notations du Groupe peuvent variées au regard des critères sélectionnés, des données collectées et des modes de calcul effectués pour mesurer l’impact sociétal et environnemental d’une entreprise.
« La question du coût du capital reste fondamentale : nous ne pouvons être dans un monde binaire, la finance d’un côté et l’ESG de l’autre. »