Transport bas carbone, transport pour tous : le grand défi!
Une Formidable édition des Rencontres du Climat au Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.
A l’occasion du 30ème anniversaire du Tunnel sous la Manche, Getlink a organisé le 24 avril la 3ème édition des Rencontres du Climat exceptionnellement localisée au Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, en présence du ministre Christophe Béchu.
Créées par Getlink dans le cadre de sa chaire avec la Toulouse School of Economics, Initiative for Effective Corporate Climate Action, Les Rencontres du Climat ont pour objectif d’enrichir la réflexion sur l’impact des activités des entreprises sur le climat, de partager les expériences, de mesurer les coûts liés aux efforts de décarbonation et de proposer des solutions réalisables.
Autour de Yann Leriche, Directeur général de Getlink, 200 invités étaient présents parmi lesquels les principaux acteurs français du transport et de la mobilité et de la logistique et leur écosystème financier et institutionnel.
Le débat “Transport bas carbone pour tous, le grand défi !” était précédé d’une Key note introductive de Vincent Ducros, Directeur RSE et développement durable de Getlink, inspirée du séminaire de l’Institut de l’Ecole normale supérieure, La transition au carrefour des crises.
Les échanges entre les différents participants ont porté notamment sur une série de mesures et solutions à entreprendre pour la décarbonation du transport. En effet, comme l’a évoqué Yann Leriche, Directeur général de Getlink dans son propos liminaire, « le secteur du transport est l’un des seuls à ne pas s’être décarboné depuis les années 90 ». Il est donc crucial d’agir.
Le débat a permis aux panélistes – Yann Leriche, Gwendoline Cazenave, Directrice générale d’Eurostar, Anne Rigail, Directrice générale d’Air France et Henri Poupart-Lafarge, Président-Directeur général d’Alstom, d’échanger sur les leviers existants pour enclencher cette transition « inévitable et qui va coûter cher » telle que rappelée par Vincent Ducros.
Pour Yann Leriche, il faut avant tout ne pas stigmatiser le secteur du transport : « il ne faut pas chercher à limiter le transport mais rechercher à limiter les émissions de carbone du secteur » au risque d’avoir dans l’avenir « des effets de bord » et d’avoir des ménages qui qui émettent davantage de GES derrière leurs ordinateurs qu’en se déplaçant.
La nécessité de rendre le transport bas-carbone attractif
La question de l’attractivité du transport bas-carbone est d’ailleurs partagée par de nombreux acteurs. Pour Gwendoline Cazenave il faut « concilier l’envie de voyager et la responsabilité de chacun en sortant de l’économie punitive et en proposant plus de flexibilité aux voyageurs qui font le choix du train, comme Eurostar » et en faisant la promotion de l’intermodalité et la nécessité de promouvoir cette offre auprès des touristes étrangers non européens pour leur séjour en Europe, via notamment les Open Hub.
Henri Poupart-Lafarge abonde également dans ce sens en mentionnant la nécessité de rendre le train plus attractif et plus accessible en augmentant fortement le trafic, avec la condition sine qua none que « cela ne se fera pas sans investissements massifs sur le long terme ».
Une attractivité qui nécessite des investissements pour permettre d’innover
La nécessité d’une forte augmentation des investissements fut partagée par les panélistes, pour le transport en général et pour le fret en particulier, car comme a pu l’indiquer Yann Leriche « Aujourd’hui en France l’offre de service n’est pas assez qualitative par rapport à la route et en Grande-Bretagne se pose la question des gabarits permettant la circulation des trains de marchandises d’un bout à l’autre de l’Europe ! ».
Pour le secteur aérien, la transition vers un transport bas-carbone ne pourra se réaliser que par le biais de règles internationales pas uniquement régionales. Anne Rigail a également développé les différents leviers d’actions qui peuvent être envisagés par le secteur pour la décarbonation de l’aérien : l’innovation avec des avions qui consomment moins, l’intermodalité avec le train, et les carburants durables..
Un coût du carbone, mais à quel prix ?
Le débat a la question de la taxe carbone nécessaire pour cette transition et comme indiqué par Yann Leriche, « les économistes sont unanimes quant à la mise en place de cette taxe ». L’avantage du choix d’une taxe est, au détriment du levier de la quantité qui restreint le nombre de voyages par exemple, que « cette collecte de la taxe permet ensuite une redistribution vers des secteurs qui peinent à se décarboner » et avoir ainsi une vision plus globale de la transition écologique. Un sujet central pour Yann Leriche car l’absence d’information claire sur les tendances de l’évolution du coût du carbone ces prochaines années constitue un frein à la prise de décision pour permettre de calculer les trajectoires de rentabilité des investissements à opérer.
Pour Air France, l’un des enjeux de la stratégie de la compagnie aérienne est bien d’intégrer les surcoûts de cette décarbonation tout en pérennisant l’activité de l’entreprise et que le choix d’augmenter les prix devra être une solution mondiale pour garantir cette concurrence loyale entre les acteurs.
Les Français favorables à l’action pour la transition écologique
Au cours de ce débat, Frédéric Dabi est intervenu pour dresser une analyse de l’évolution de perception des Français sur la question climatique et le transport. Le constat est clair : le climat reste une préoccupation forte des citoyens qui sont très nombreux à vouloir agir individuellement et font également de plus en plus confiance à l’entreprise pour trouver des solutions en faveur de la transition écologique.
Ce débat a donc permis d’aborder plusieurs questions : celle du coût de la transition, la nécessité de rendre attractif et accessible le transport bas carbone mais également l’urgence d’agir et pour Henri Poupart-Lafarge, la question du nombre de contraintes est également un facteur clé : il est nécessaire selon le Président-Directeur général d’Alstom, « d’avoir le courage de s’exonérer de certaines règles » pour permettre une transition rapide.
Le débat fut donc sans tabou autour du défi de la décarbonation des transports et de leur accessibilité au plus grand nombre, en présence du Ministre de la Transition écologique qui a conclu les échanges.
En conclusion s’est tenue la cérémonie de remise des prix du concours étudiant Challenge for Corporate Climate Action organisé par Getlink et la Toulouse School of Economics qui a récompensé deux projets de décarbonation applicable à une entreprise, en évaluant les conditions techniques et financières de sa faisabilité et de son impact.